coeurtendre Admin
Nombre de messages : 13252 Age : 67 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
| Sujet: Homélie paragraphe /14/ ou l'on retrouve le mot Âme/ Saint - Bernard de Clairvaux/ Mar 2 Juil - 20:52 | |
| Mais qui le rompra. Voici le père de famille, reconnaissez le Seigneur,
à la fraction du pain ; en effet, quel autre que lui est capable de le rompre? Pour moi, je ne suis pas assez téméraire pour l'entreprendre, et si vous jetez les yeux sur moi, n'attendez rien de moi; car je suis un de ceux qui attendent, et je mendie avec vous la nourriture de mon âme, l'aliment de mon esprit. Vraiment pauvre et indigent je frappe à la porte de celui qui ouvre, et personne ne ferme (Apocalypse 3, 7), pour obtenir l'intelligence des profonds mystères qu'enferme ce discours. Les yeux de tout le monde sont tournés vers vous, Seigneur, unique objet de notre espérance. Les petits enfants ont demandé du pain, et il n'y a personne qui le leur rompe. Nous espérons cette faveur de votre bonté, ô Père si plein de miséricorde, rompez votre pain à ceux qui ont faim. Ce sera par mes mains, si vous daignez vous servir de moi, mais ce sera par le secours de votre grâce. Dites-nous, je vous prie, qui est celui qui dit ces paroles : « Qu'il me baise d'un baiser de sa bouche (Cantique I, 1) ; » de qui elles sont dites, à qui elles s'adressent, et quel est cet exorde si prompt, dont le mouvement soudain semble plutôt le milieu que le commencement d'un discours. Car, à l'entendre parler de la sorte, on croirait que quelqu'un a parlé avant lui, et qu'il introduit une personne qui lui répond, et lui demande un baiser. De plus, si cette personne demande ou ordonne à quelqu'un, quel qu'il soit, de le baiser, pourquoi dire expressément que ce soit de la bouche, et même de sa propre bouche, comme si ceux qui se baisent avaient coutume de le faire autrement qu'avec la bouche, ou de se baiser avec la bouche d'un autre? Encore, ne dit-il pas qu'il me baise avec sa bouche, mais, par une façon de parler moins usitée, qu'il me baise d'un baiser de sa bouche. Certainement, un discours qui commence par un baiser est bien agréable. Ainsi en est-il de l'Écriture-sainte, elle a une face charmante, qui touche d'abord, et porte à la lire , en sorte que, bien qu'il y ait de la peine à découvrir les sens cachés qu'elle enferme, cette peine se change en délices ; et la douceur du langage et de l'expression fait qu'on ne sent pas le travail qu'il y a à en pénétrer l'intelligence. Mais qui est celui, que ce commencement sans commencement, et cette façon de parler si nouvelle dans un livre si ancien, ne rendrait pas attentif? Ce début montre bien que cet ouvrage n'est pas une production de l'esprit humain, et qu'il a été composé par le Saint-Esprit même, puisqu'il est fait avec tant d'art, que, bien qu'il soit difficile à entendre, il y a néanmoins beaucoup de plaisir à en rechercher l'intelligence. Mais quoi ? Passerons-nous le titre sous silence ? Non. Il ne faut pas laisser le moindre iota, puisque Jésus-Christ nous commande de recueillir les moindres fragments des paroles sacrées, pour empêcher qu'ils ne se perdent (Matt 6, 18 et Jean 4, 12) Le titre est conçu en ces termes : Ici commence le Cantique des cantiques de Salomon.. Observez d'abord que le nom de Pacifique, qui est ce que signifie Salomon , convient fort bien en tête d'un livre qui commence par un signe de paix, c'est-à-dire par un baiser ; et remarquez encore que ce début n'invite à l'intelligence (des parties de l'Écriture où il se trouve), que les âmes tranquilles et pacifiques, qui sont exemptes du trouble des passions, et du tumulte des soins de la terre.
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