coeurtendre Admin
Nombre de messages : 13252 Age : 67 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
| Sujet: Homélie paragraphe /15/ ou l'on retrouve le mot Âme/Saint-Bernard de Clairvaux/ Mar 2 Juil - 21:08 | |
| Au milieu de toutes ces épreuves, le dicton populaire, il n'est pas sûr de coucher longtemps avec un serpent, lui revint souvent à l'esprit et lui donna à penser; il commença dès lors à méditer des projets de retraite. Il voyait le monde et le prince du monde lui offrir dans le siècle bien des avantages, de grandes choses, et des espérances plus grandes encore, mais toutes trompeuses, toutes vraies vanités de vanités, rien que vanités. Il entendait en même temps au fond de son coeur la Vérité qui lui criait «Venez à moi vous tous qui êtes fatigués et qui êtes chargés, et je vous soulagerai; prenez mon joug sur vous... et vous trouverez ainsi le repos de vos âmes (Matthieu 11,28).» Nourrissant donc le dessein de quitter le monde pour tendre à une plus grande perfection, il se mit à examiner et à chercher où il trouverait un repos plus assuré et plus pur, pour son âme, sous le joug de Jésus-Christ. Dans ses recherches, la nouvelle plantation de la vie monastique renouvelée à Cîteaux, se présenta à sa pensée; la moisson s'offrait abondante, il manquait d'ouvriers pour la recueillir, car c'est à peine si les conversions nouvelles poussaient de ce côté, à cause de l'excessive austérité de cette vie et de la rigueur de la pauvreté qui s'y pratiquait. Cependant, comme ces obstacles n'effrayaient point une âme comme la sienne, en quête de Dieu, mettant de côté toute espèce de crainte et d'hésitation, il tourna toutes ses pensées de ce côté, convaincu que là il pourrait vivre dans une complète obscurité, et se cacher profondément sous les regards de Dieu, loin du tumulte des hommes, loin surtout de la vanité du rang élevé qu'il occupait dans le monde, de la faveur que lui promettait la vivacité de son esprit, loin même de toute réputation de sainteté. Lorsque ses frères et ses amis selon la chair s'aperçurent qu'il roulait ces pensées de conversion dans son âme, ils mirent tout en oeuvre pour détourner son esprit vers l'étude des belles lettres, et l'attacher plus étroitement à l'amour du, savoir mondain. Ils réussirent, en effet, par ces tentatives, comme il en convint souvent à retarder et presque à arrêter sa marche; mais le souvenir de sa mère se représentait sans cesse à son esprit, souvent même il se figurait la voir venir au devant de lui, lui adresser des reproches mêlés de gémissements, et lui dire que ce n'était pas pour toutes ces vanités mondaines qu'elle l'avait si tendrement élevé, ni dans ces espérances qu'elle l'avait instruit. Enfin, un jour qu'il allait retrouver ses frères au siège du château de Grancey, où ils se trouvaient avec le duc de Bourgogne, il se sentit plus que jamais obsédé de ces pensées; ayant rencontré une église sui son passage, il y entra, et là il se mit à prier en fondant en larmes, puis, élevant les mains vers le ciel, il répandit comme l'eau son âme devant le Seigneur son Dieu. À partir de ce jour son projet fut arrêté dans son coeur.
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