Fanny Admin
Nombre de messages : 1972 Age : 78 Réputation : 21 Date d'inscription : 11/05/2007
| Sujet: Bonjour, Père Raymond Gravel. Permettez que je réagisse à l'une de vos réflexions Ven 1 Mar - 13:10 | |
| Bonjour, Père Raymond Gravel. Dans le cadre d'une recherche sur Internet à propos de l'Église au Canada, je suis dernièrement arrivée sur votre page : Blogue « Les réflexions de Raymond Gravel ». Permettez que je réagisse à l'une de vos réflexions qui m'interpelle, en apportant un avis personnel.
Au début de votre texte, vous présentez votre cause de curieuse manière : Vous reprenez les écrits de la presse, qui vous désignent à la troisième personne (« On a pu voir à la télé et lire dans les journaux que Raymond Gravel poursuivait en justice »), mais sans les citer, pour enchaîner aussitôt après en vous s’exprimant à la première personne, en votre nom, personnellement… Ce n'est pas clair ni cohérent pour vos lecteurs. À votre place, j’aurais nettement distingué les deux. J’aurais mis ces propos entre guillemets et montré que je rapportais des écrits journalistiques. Qu'en pensez-vous Entre nous soit dit, quand on lit : « Beaucoup de personnes ne comprennent pas qu’un prêtre qui prêche l’Évangile puisse poursuivre un mouvement catholique », on se dit que même si le mouvement n’avait pas été catholique, le devoir du prêtre était de pardonner comme Dieu Pardonne, et de ne pas se soucier de faire justice lui-même et pour lui-même… Dieu s’en charge. Mais on comprend très bien que le pardon doit exister, à plus forte raison, entre frères catholiques, comme vous-même, qui êtes prêtre, et le site LifeSiteNews ; il faut témoigner, donner l’exemple du Message Évangélique. Et comme l'a dit un jour saint Vincent de Paul de manière si belle : ''Que ferais-je mon Dieu Vous savez la vérité.'' Cela fait écho au passage de l’Évangile selon saint Matthieu (6), où Jésus recommande de tout faire « dans le secret », sans rechercher l’approbation ni la louange des hommes : « ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. » Autrement dit, Dieu te récompensera de Lui avoir fait totalement confiance et de ne t’en rapporter qu’à Lui seul…
On peut certes déplorer, par ailleurs, les « lettres injurieuses » et autre « harcèlement » dont vous avez été l’objet. Ce n’est pas ainsi qu’un chrétien pourra espérer ramener qui que ce soit sur « le droit chemin du pardon » ; la compassion et la charité sont de mise. Nous sommes tous pécheurs, et nous ne voulons pas davantage « la mort du pécheur » que Dieu ne la désire, mais son Salut – Ce que beaucoup oublient, malheureusement. Il faut savoir ce que évangéliser veut dire ; à plus forte raison, ce que Nouvelle Évangélisation signifie. Je compatis donc tout à fait à votre souffrance.
En passant, quand vous citez les autres personnes et organismes ayant subi des attaques diffamatoires, on peut légitimement se demander si ceux-ci ont comme vous porté l’affaire en justice ( ).
Si une chose est certaine, c'est qu'un homme politique comme vous se trouve au milieu de la « bataille » des problèmes sociaux et économiques, dans le monde, alors que le prêtre n’est pas du monde, comme le dit Jésus. Le risque est alors grand de se laisser absorber par ce monde et de lui appartenir au lieu d'appartenir à Dieu. Jésus a mis en garde ses disciples et prié son Père pour eux : « Je leur ai donné ta parole et le monde les a haïs, parce qu'ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. Je ne te prie pas de les enlever du monde, mais de les garder du Mauvais. Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité. Comme tu m'as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. » Jn 17, 14-18
Comme en témoigne Jésus, la Parole seule est Vérité, et elle seule peut nous rendre saints. Impossible d’être à la fois ministre de Dieu et « ministre » des hommes. Serviteur, oui, mais pas contre Dieu… C’est Dieu que l’on sert, à travers ses frères. Mission et profession sont deux choses différentes (à moins de professer sa foi !).
Je ne peux approuver votre interprétation de l’Évangile, Père Gravel, quand vous écrivez : « Je ne remets aucunement en question ces valeurs qui nous viennent du Christ de l’Évangile. Jésus ne dit-il pas : « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le royaume des cieux est à eux » (Mt 5,10) Il faut donc comprendre que s’il y a des persécutés pour la justice, c’est sans doute parce que ceux-là se sont battus pour la justice ; sinon, ils n’auraient jamais été persécutés. » Un homme persécuté, c'est un homme qui est poursuivi - mais pas un homme qui poursuit son frère! Au sens évangélique du terme, un homme persécuté est poursuivi parce qu'il affirme sa foi au Christ - et parfois poursuivi jusqu'au martyre. D'ailleurs Jésus le précise clairement : « Heureux êtes-vous quand on vous insultera, qu'on vous persécutera, et qu'on dira faussement contre vous toute sorte d'infamie à cause de moi. Soyez dans la joie et l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux : c'est bien ainsi qu'on a persécuté les prophètes, vos devanciers. » Mt 5, 11-12
« À cause moi », dit Jésus ; c’est-à-dire quand vous témoignerez de ma Parole et que les hommes vous persécuteront à cause de votre témoignage. « Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups », prévient le Seigneur. Et comme le serviteur n’est pas plus grand que son Maître, il passera comme Lui et après Lui, par les souffrances et la mort ; mais pour Ressusciter avec le Christ !
Bien des hommes sont accusés, voire condamnés injustement (on les poursuit et les harcèle, tout comme Jésus a accepté de l’être toute sa vie, par Amour pour nous), sans pour autant avoir recherché cette situation ; ils ne se sont certainement pas « battus pour la justice », mais la plupart ont été obligés de répondre aux accusations qui pesaient sur eux, aux questions humaines du juge… Ce que vous Raymond Gravel oubliez, c’est que la démarche vient de vous : C’est vous qui engagez une action en justice (personne ne vous y traîne), ce n’est pas la même chose. Le sens de cette Béatitude est que Dieu notre Père fera Justice à ceux qui ont souffert de l’injustice des hommes sans rendre le mal pour le mal (mais le bien pour le mal) – ni plus, ni moins :
« Aimez vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs, afin de devenir fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. » Mt 5, 44-45
Vous qui êtes prêtre, vous détournez l’Évangile de son sens véritable ; à l’image d’un détournement de fonds qui veut que l’on s‘approprie pour son compte personnel des richesses qui ne nous appartiennent pas… ! En l’occurrence, la Parole de Dieu.
De même, vous interprétez réellement l’Évangile à votre façon toute personnelle, quand vous affirmez : « N’oublions surtout pas que la miséricorde ne dispense pas de rétablir la justice, mais ce n’est pas une justice de rétribution par rapport à Dieu. La justice s’applique entre nous : « La mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous » (Mt 7,2), ou encore : « Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux » (Mt 7,12). » !!!
Pardonner ou non ne relève pas d’un droit humain, mais d’un Droit Divin. Dieu est à la source du Pardon, et refuser celui-ci à notre prochain revient à offenser Dieu, à ne pas L’aimer. « La mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous » signifie que si nous nous montrons miséricordieux envers nos frères, Dieu se montrera tout aussi Miséricordieux à notre égard (même « mesure ») : « Pardonne-nous nos torts envers Toi comme nous-mêmes nous avons pardonné à ceux qui avaient des torts envers nous », dit Jésus dans la prière du Notre Père. « Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne vous pardonnera pas vos fautes. »
Quant à notre « dignité bafouée », nous en avons l’Exemple suprême en la Personne du Christ-Jésus durant sa Passion, tout au long de son procès et sur sa Croix. Dieu Lui-même a souffert l’insulte, l’outrage, l’injustice au plus haut degré… sans mot (maux) dire. Jésus s’en remettait à son Père. Père Gravel, vous mettez trop votre confiance et votre énergie dans le pouvoir et la reconnaissance humaine, dans l’action humaine, et insuffisamment en Celui qui peut tout et qui est Toute-Justice : « Père, que ta volonté soit faite ! ». Jésus ne s’est jamais fait justice Lui-même (Il suffit de relire Ph 2, 6-11).
Bien cordialement et en union de prière, dans le Christ. Voici des liens témoignages du Pardon du Christ-Jésus en nous :
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