coeurtendre Admin
Nombre de messages : 13281 Age : 67 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
| Sujet: ''Le drôle de dimanche de Michel.'' Lun 22 Juil - 0:31 | |
| ''Le drôle de dimanche de Michel.'' Il est près de 8 heures a.m., j'arrive à l'église pour prier et, jusqu'à 9 heures a.m., je fais la méditation des Lectures et de l'Évangile ; je suis seul dans cette église avec le sacristain et sa femme. En arrivant je mets mon argent sur le devant de mon banc, car au moment de la quête j'ai horreur de me laisser distraire à chercher une pièce d'argent. Mais un certain moment après, un homme passe à côté de mon banc et dépose son feuillet paroissial sur le banc où je suis assis ; je n’ai aucune réaction, je continue de prier.L'homme repasse et me regarde, et me dit en haussant la voix : Cela fait cinq ans que je m'assieds sur ce banc ; alors, avec un sourire, je lui dis que je suis très heureux de lui céder mon banc qui lui appartenait depuis cinq ans.
C'est un peu drôle, j'avais l'impression de me retrouver dans les années où chaque paroissien(ne) payait son banc. Mais ce qui est encore plus drôle, c’est que j' avais sorti 2$ pour donner à la quête, et quand j'ai changé de banc j'ai oublié de faire suivre mes petits 2$, et au moment de la quête l'homme me fait un signe de la main pour me demander si j'acceptais qu'il dépose mes 2$ dans le panier de la quête. Je l’ai regardé, toujours avec un sourire, et je lui ai fait signe que oui. Peut-être se demandait-il si je tenais autant à mes 2$ que lui pouvait tenir à son banc depuis 5 ans.
Quand je fus arrivé sur mon nouveau banc, une femme s'avança vers moi pour me parler et je pensais qu'elle voulait à son tour que je lui cède son banc, mais non, elle me demanda en souriant de bien vouloir prier pour elle. Je lui dis en souriant : Quel est votre nom? Elle me répondit : Rolande. Je lui promis non seulement de prier pour elle, mais aussi de faire prier pour elle en la recommandant sur les deux sites où j’étais présent. On peut dire que je n’ai jamais été aussi heureux que durant cette messe, qui sera pour moi une messe inoubliable. Sur le banc vers lequel je me suis dirigé de nouveau, il y avait un enfant d’à peine 6 ans et c'était vraiment une petite merveille à observer. Durant la prière du Notre Père, il étendit ses petites mains et on aurait dit un petit ange. Je peux dire que j'ai perdu mon banc, mes 2$, mais pour me retrouver proche du Seigneur présent dans ce petit enfant sage, priant et silencieux.
Mais avant de finir cette anecdote je tiens à écrire que moi Michel, quand j’entre dans une église, la pire des choses qu'il puisse m'arriver, c'est surtout que quelqu'un vienne me voir pour me faire la causette à n’en plus finir. Car si je viens dans le Temple du Seigneur (l’église), c'est pour rencontrer le Seigneur dans le silence et la prière, je quitte le bruit du monde pour me reposer à l'ombre du silence de Dieu. Si quelqu'un veut me parler, je lui montre la direction de la sacristie, et dans la sacristie si je vois que le dialogue est trop long, je l'invite à me rencontrer en dehors de l'église. Pour moi je suis et je serai toujours convaincu que chaque fois que j'entre dans le Temple (l’église) du Seigneur, c'est pour rencontrer le Seigneur, et quand je sors de l'église, c'est pour faire connaître le Seigneur. Si Jésus a mis les vendeurs du Temple à la porte, c'est pour redonner au Temple son identité de lieu de prière, lieu de silence et de la rencontre avec Dieu.
Quand je suis arrivé chez moi, j'ai pris la pelle pour dégager la neige sur le parking, et mon voisin d'en haut faisait la même chose que moi. Mais comme il ne s'entend pas bien avec son voisin qui demeure en-dessous de chez lui, il s'est fâché après moi parce que je dégageais la neige devant la porte de cet homme qu'il n'aimait pas. Il a sacré après moi et s'est fâché assez fort pour que sa femme décide de partir.
Mais moi je n'ai pas dit un mot, je me suis rappelé les paroles de l'Évangile qui disaient ceci : Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Dieu très-haut, car il est bon, lui, pour les ingrats et les méchants. Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés.
Et en dégageant la neige, mon regard se dirigeait très souvent vers cet homme qui avait l'air nerveux et qui ne savait pas trop comment s’y prendre pour recréer le contact avec moi.
Alors je me suis souvenu de ce passage de l'Évangile : Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande sur l'autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande là, devant l'autel, va d'abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande.
Michel écrit : Alors au lieu de laisser mon offrande, j'ai laissé ma pelle par terre et je suis allé le trouver pour lui dire : Vous savez, vous n'avez pas à vous en faire du tout pour cet homme, car moi, quand bien même cet homme demeurerait le pire de mes ennemis, je prendrais le même temps pour dégager son devant de porte.
L'homme me regarda et resta figé et plus blanc que la neige, ne sachant trop quoi répondre. Moi je lui ai dit : J'aimerais mieux mourir en pardonnant que de mourir en refusant de pardonner. J'aimerais mieux mourir en étant accusé d'avoir trop aimé, que de mourir en ayant si peu aimé.
Lui et moi, nous avons partagé ensemble sur le pardon, et ce fut pour moi un très beau dimanche. Quand j'étais à l'église et que le paroissien me réclamait son banc, si j'avais voulu je lui aurais dit : Écoute, mon vieux, tu ne trouves pas l'église assez grande pour choisir un autre banc? En réalité, en agissant ainsi j'aurais agi injustement, en tenant ce que l'on appelle un langage pas trop catholique, avec un manque de respect et un manque d'accueil. Mais en agissant comme un vrai chrétien, le Seigneur m’a permis de rencontrer cette femme qui est venue à moi me réclamer des prières, et cet enfant merveilleux assis devant moi comme un petit ange.
"Quel beau dimanche''
En toute amitié Michel
Vaut mieux mourir en pardonnant cent fois que de mourir sans pardonner. | |
|