Bonjour Jules Daniel, je suis d'accord avec vous que vous n'avez pas abordé le sujet de la pédophilie dans votre commentaire, mais le fait que vous utilisez l'expression suivante : ((( L' Église doit se repentir de cette immense faute)))..., sans écrire le mot pédophilie, l'expression en elle-même, surtout en 2021 avec le Web, elle nous provoque comme elle nous interroge.
En vous lisant, j'ai pensé que ce serait une bonne chose d'aborder aussi le sujet de la pédophilie, car je sais que les pères Jésuites coopèrent à 100% avec la justice, et qu'aucune communauté ni profession n'est à l'abri de toutes les formes d'abus.
Par exemple, j'ai été responsable d'un foyer de 9 personnes ayant un ou plusieurs handicaps physiques ou mentaux, et j'avais un attachement indescriptible envers la personne de Jean Vanier. J'avais une bibliothèque de presque toutes ses vidéo-conférences, que je visionnais pour me reposer. Mais entre moi et vous, qui aurait pensé qu'un jour Jean Vanier aurait comme héritage, quelques jours avant sa mort, le titre d'abuseur? Pour moi cela a été un des plus grands chocs de ma vie ; mais la vie c'est comme ça, c'est une réalité très difficile à accueillir, il faut s'en remettre à Dieu.
Pour en revenir aux pères Jésuites, dans un article sur Google il est écrit : La Compagnie de Jésus – l'ordre des Jésuites dont est issu le pape François – assure qu'au Canada, au moins 90 % ou plus des plaintes déposées contre elle depuis 1958 concernent les actions de deux prêtres décédés depuis plus de 25 ans, George Epoch et Norman Hinton. Pour lire l'article, mettre dans le navigateur Google (Les Jésuites canadiens promettent de révéler les noms des prêtres accusés d’abus sexuels). J'aime beaucoup cette forme de collaboration exemplaire des Jésuites avec la justice.
Comme j'ai vécu la violence pendant 15 ans 1/2 avant de trouver par moi-même la porte de sortie, vous comprendrez sûrement ma sensibilité à votre expression (l'immense faute de l'Église ), mais j'aime et j'apprécie votre approche empreinte de respect. Je suis un laïc qui a eu la chance olympique de vivre avec des prêtres et des religieux pendant 25 ans. J'ai vécu 15 ans avec les frères des Écoles chrétiennes, 5 ans avec les pères Assomptionnistes, 2 ans avec les frères de la Charité, 5 ans dans une paroisse avec 2 prêtres.
Pendant mes 25 ans à vivre et à travailler parmi des religieux et des prêtres, j'ai donné des conférences dans plusieurs villes du Québec, en plus de faire du travail de rue pour localiser des jeunes aux prises avec des problèmes de boisson et de toxicomanie, y compris un accompagnement des personnes âgées exploitées financièrement et psychologiquement, etc. Pendant toutes ces années, j'ai connu peu de prêtres et de religieux qui avaient des problèmes de désorientation sexuelle. Mais je n'ai pas assez de doigts dans les mains pour dire combien de femmes j'ai rencontrées qui me disaient être tombées en amour avec un prêtre, et ne sachant pas comment s'y prendre pour le lui dire. La plupart des prêtres étaient des prêtres leaders, ayant le charisme très particulier de la parole, avec cette facilité d'attirer les gens vers eux alors qu'ils auraient dû les guider vers Dieu. Dès qu'un homme reçoit un charisme, que ce soit un homme politique ou un homme d'Église, s'il ne le fait pas tremper dans le silence et la prière à tous les jours, le charisme risque de devenir un charisme qui ensemence beaucoup plus la misère que la paix.
Ce qui m'a le plus surpris pendant ces 25 années, ce sont des jeunes qui faisaient croire qu'ils étaient appelés à devenir prêtre ou religieux, et juste à la fin de leurs études, ils quittaient la communauté. Même que certains d'autres pays, attendaient d'être transférés au Canada avant de quitter eux aussi, leur communauté. Entre moi et vous, Jules Daniel, y compris tous les autres, qu'il s'agisse de l'histoire de la réconciliation catholique avec les communautés autochtones ou de toute autre forme d'abus, il y aura des victimes des deux côtés. Que notre prière accompagne les communautés autochtones et la démarche exemplaire des pères Jésuites.
Je donne un exemple avec les frères du Sacré-Coeur. Un des mes amis, frère du Sacré-Coeur, que je connaissais depuis 40 ans, m'appelle par téléphone et après 15 minutes de conversation, je ressens intérieurement qu'il y a un malaise chez lui, son dialogue n'était pas comme d'habitude. À ma très grande surprise, il s'est mis à pleurer en me disant : Michel, j'ai une question très sérieuse à te poser, et voici la question.
Tu sais, tu as toujours été un grand ami pour moi, et je me demandais, avec toute la médiatisation que font les journaux concernant les accusations d'abus sexuels de plusieurs de mes confrères, dis-moi sincèrement, est-ce que tu vas toujours rester mon ami quand même? Je lui répondis : Tu n'as rien a craindre car je sais qui tu es, et je sais aussi depuis ma plus tendre enfance, que ce soit dans les professions dans la société civile ou dans l'Église, qu'il y a comme il y aura toujours des injustes qui infiltreront les professions dans la société comme dans l'Institution Église.
Tout pour écrire, que ce soit l'histoire des autochtones du Canada ou les abus sexuels dans l'Église comme dans la société en général, il y aura toujours les victimes des abuseurs comme il y aura aussi des victimes innocentes dans les groupes infiltrés par les abuseurs, parce que les abuseurs entachent la réputation de tout le groupe (ils jettent l'opprobre sur tout le groupe).
Qu'en pensent Jules Daniel ainsi que tous les autres...?