coeurtendre Admin
Nombre de messages : 13248 Age : 67 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
| Sujet: Le pardon de Miguel Angel Estrella, le pianiste/ Dim 5 Mar - 16:04 | |
| Miguel Angel Estrella, le pianiste libre dans sa tête Miguel Angel Estrella, pianiste de renommée mondiale, ambassadeur de la Paix, donne un concert à Saint-Avold. L’Artiste argentin torturé et incarcéré dans les années 80 par la junte militaire a pardonné à ses bourreaux. Au milieu des années 80, Daniel Balavoine lui dédiait Frappe avec ta tête. À la même époque, Michel Berger lui rendait hommage avec Diego, libre dans sa tête. Miguel Angel Estrella garde un vague souvenir de ces chansons: « Ça fait très longtemps. Vous savez, je suis un homme gâté par tous les honneurs à mon égard ». À 78 ans, le pianiste argentin, ancien élève à Paris de Nadia Boulanger et de Marguerite Long, ne porte plus guère d’attention à ces dédicaces et autres témoignages de respect. Pour lui, seul compte son combat, celui qu’il a mené toute sa vie, la construction de la paix, « en défendant les droits et la dignité des hommes et en mettant la musique au service de tous ». Il a d’ailleurs été nommé en 2003 ambassadeur d’Argentine à l’Unesco. Capables du pire La construction de la paix, le combat d’une vie. « Mon enfance a été marquée par la poésie, la musique. Mon père écrivait, c’était un ami de Pablo Neruda. Ma mère avait fondé une bibliothèque dans un bidonville du Sud argentin. Leur ambition, c’était de permettre aux plus pauvres et à ceux qui étaient exclus de la société de pouvoir accéder à la culture ». Des valeurs que Miguel, jeune homme, a entretenues et répandues sur son passage. Mais dans un pays où la junte militaire traque et persécute les intellectuels, le musicien a été rattrapé par le régime, enlevé, jeté en prison et torturé. Six jours durant, il subira les pires sévices: « L’un de mes bourreaux était une jeune femme qui m’avait littéralement brisé les mains pour m’empêcher de jouer du piano ». Le calvaire s’est poursuivi trois années. Il a survécu, grâce à un clavier muet sur lequel il jouait dans sa cellule. « Un jour, un de mes geôliers me dit "Tu n’es pas un guérillero, mais tu es pire. Avec ton talent, ton piano, ta sympathie, tu fais croire aux nègres qu’ils peuvent écouter du Mozart. C’est ton péché mortel "». Son histoire a ému l’opinion publique, dont les plus grands de l’époque, et à la suite de pressions internationales, il a enfin été libéré. Miguel Angel Estrella avoue avoir depuis longtemps pardonné à ses tortionnaires, « Ces humains sont capables du pire. Ils étaient nés dans des quartiers pauvres et le régime les payait grassement pour effectuer les basses besognes. Ce travail leur permettait de vivre ». À 78 ans, Miguel Angel Estrella milite encore et toujours pour un accès gratuit pour tous à l’éducation : « C’est ce qui permet de construire la paix ».
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