Vincent Lachance a écrit : D'accord avec Michel, je voudrais avoir plus de détails sur l'origine de ton cri du coeur, de ton inspiration spirituelle !
Michel répond : Bonjour Vincent Lachance, ainsi que tous les autres, le cri du coeur est plus facile à expliquer que l'inspiration spirituelle. La raison en est très simple : Je vivais depuis plusieurs longues années dans une attente trop prolongée ; déjà à l'âge de 9 ans et 1/2 j'avais essayé de me sauver de la maison, mais sans aucun résultat positif. Au contraire, j'ai payé cher mon départ trop improvisé, c'est pour cette raison que j'ai dû attendre 6 ans de plus avant de tenter un autre départ, celui-là plus réfléchi.
Mon cri du coeur a sûrement été provoqué par Dieu Lui-Même, comme si Dieu était passé à travers moi pour me dire qu'Il n'était pas un Père qui ressemblait à mon père. À partir du moment où mon père m'a cassé les deux cuisses et une jambe à l'âge de deux ans, je suis devenu comme muet, pour ne pas écrire paralysé par la peur. Mon cri se résume en cette phrase : Dieu, si tu existes, je ne veux ni or ni argent mais fais-moi connaître la joie de ta présence.
Aujourd'hui encore, je n'arrive pas à comprendre comment cette phrase a pu sortir de ma bouche ; surtout que depuis le jour où mon professeur avait dit à tous les élèves que Dieu était Quelqu'un qui ressemblait à notre père, pendant plusieurs mois, dès que je regardais mon père sans qu'il s'en aperçoive, cette phrase me revenait sans cesse à l'esprit. Je pensais comme un enfant mais pas vraiment comme tous les autres enfants ; je me disais dans mon silence intérieur : Si j'ai peur de mon père que je vois, combien Dieu que je ne vois pas doit être plus dangereux que mon père que je vois! Je peux dire que cette phrase de mon professeur a fait beaucoup de ravages en moi, j'en avais des crampes ; c'est assez difficile à expliquer, je crois qu'il faut le vivre pour mieux comprendre. Aimer Dieu que l'on ne voulait pas aimer par crainte qu'Il nous blesse davantage, ou avoir eu la possibilité de Le rencontrer malgré cette paralysie de la peur, pour moi c'est proche du miracle.
Je dirai que ce cri du coeur c'est comme si Dieu m'avait prêté une phrase qui était la sienne, pour crier vers Lui, puisque habituellement je ne parlais jamais, par exception pour dire oui, non, je ne sais pas, ce n'est pas moi, et quelques autres expressions très courtes qui ne veulent pas dire grand-chose. Il m'a fallu quelques années après mon départ de chez moi pour découvrir la liberté de la parole. La malchance m'a donné la chance de rencontrer Dieu d'une façon très particulière.
Dieu m'a appris par le regard sur la vie des autres pères, que la phrase de mon professeur pouvait avoir un autre sens caché. Quand j'ai vu pour la première fois un papa rire, jouer, courir avec son enfant, la même phrase est revenue en moi, mais au lieu d'y laisser des traces de peur elle laissait en moi la même joie que j'ai ressentie quelque temps après avoir lâché mon cri du coeur. Chaque fois que je revoyais un papa et une maman aimer leurs enfants je réentendais cette phrase : Dieu c'est Quelqu'un qui ressemble à ton père, mais en ajoutant : pour tous les enfants qui ont le privilège d'en avoir un vrai.
Concernant l'inspiration spirituelle, je ne pense pas qu'un jour je sois capable de l'expliquer à 100%. Quand je partageais la vie communautaire avec des religieux qui pour la plupart enseignaient, ils se demandaient ce qu'un pauvre ignorant pouvait bien apprendre aux groupes qui faisaient appel à mes services dans les écoles comme dans les paroisses. Comme le supérieur connaissait mon approche improvisée, un jour il a offert aux 30 religieux de la communauté que je puisse leur donner un exemple des rencontres où je développais différents sujets sur l'évangélisation. Pour moi ce fut plus qu'un plaisir de rencontrer les religieux, mais pour eux ce fut toute une surprise inattendue. En grande partie les religieux m'ont demandé la même chose que vous, à savoir à quel moment j'ai senti qu'il y avait une présence spirituelle qui m'accompagnait sur la route. Après m'avoir entendu, plusieurs frères ont compris pourquoi j'étais demandé dans plusieurs groupes autour de la province de Québec. Ils ont aussi compris que le silence, la prière et l'oraison étaient le secret de ma vie spirituelle.
Principalement, le silence qui m'a été imposé par la peur pendant toutes les années de ma vie d'enfance m'a permis de développer le sens profond du regard ; oui, je crois avoir appris beaucoup plus par le regard, qui m'a permis de découvrir l'écoute en profondeur en passant par le chemin du coeur. J'ai appris dans un silence impressionnant cette écoute profonde qui rend le regard, les oreilles et le coeur attentifs et triplement présents à la présence de l'autre. Il m'a fallu être privé de la parole pendant 15 ans 1/2 pour comprendre l'utilité du silence et cultiver une écoute attentive, en passant par le chemin du regard qui nous permet de faire communion avec les personnes qui nous partagent leur souffrance.
Si dans l'écoute on enlève le regard, nous perdons le meilleur de l'écoute. Si vous saviez combien de femmes se sont plaintes de l'absence du regard de leur mari quand elles avaient besoin d'une écoute attentive, voulant partager sur leur vie relationnelle pour mieux comprendre les difficultés que vivait leur couple. Le regard joue un rôle très important dans l'écoute, il nous permet de plonger notre regard dans le regard de l'autre par où le Christ prend plaisir à écouter les personnes qui ont le coeur blessé. J'aime beaucoup écrire que partout où l'on passe, l'Esprit de Dieu passe avec nous, quand nous sommes à l'écoute de Son Esprit ; oui, Dieu aime en nous, comme Dieu écoute en passant par notre coeur qui écoute.
Aujourd'hui 14 août une citation de lecture du jour dit : « Le Seigneur marchera devant toi, il sera avec toi ; il ne te lâchera pas, il ne t'abandonnera pas. Tu n'auras ni crainte ni frayeur.» L'Évangile dit : Alors Jésus appela un petit enfant ; il le plaça au milieu d'eux, et il déclara : « Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les petits enfants, vous n'entrerez point dans le Royaume des cieux. Mais celui qui se fera petit comme cet enfant, c'est celui-là qui est le plus grand dans le Royaume des cieux. Et celui qui accueillera un enfant comme celui-ci en mon nom, c'est moi qu'il accueille. Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car, je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de mon Père qui est aux cieux. »
Michel partage : Cette phrase de Valérie, je crois qu'il faut avoir un coeur d'enfant comme celui que Jésus met au milieu de la foule, pour avoir le désir de vivre une telle aventure en marchant à la suite du Seigneur : "C'est décidé : je serai sainte!" Chère Valérie, j'espère de tout mon coeur que vous croyez que cette phrase vous a été inspirée par le Seigneur. « Si tu marches derrière le Seigneur, Lui marchera devant toi ; Il ne te lâchera pas, Il ne t'abandonnera pas. Tu n'auras ni crainte ni frayeur », nous dit le Livre du Deutéronome 31,1-8.
L'Évangile d'aujourd'hui correspond au désir que nous avons de marcher à la suite du Seigneur pour apprendre à aimer comme Lui. Si vous aimez le silence, la prière et l'oraison, je ne vois pas pour quelle raison votre projet de sainteté ne serait pas réalisable, car votre désir est le désir de Dieu ; nous sommes nés de Dieu et nous retournerons à Dieu. Toutes les personnes sur cette page, y compris moi, nous avons répondu parce que vous avez éveillé dans notre coeur ce même désir qui est le vôtre. Depuis que je suis sur Facebook c'est la première fois que je vois des personnes répondre sur un sujet aussi passionnant que celui de la sainteté.
Si parmi les personnes qui ont répondu à Valérie certaines pouvaient nous dire comment elles ont rencontré Dieu dans leur vie pour la première fois, votre partage serait une richesse pour faire grandir notre foi.
Notre prière vous accompagne dans cette grande aventure de la sainteté,
Michel et France.