Si tout moment peut être un « temps favorable » (2 Co 6,2) où l'Esprit Saint conduit le prêtre à croître dans la prière, l'étude et la conscience de ses responsabilités pastorales, il y a cependant des moments « privilégiés », même s'ils sont habituels et prévus d'avance. Il faut rappeler ici avant tout les rencontres de l'évêque avec son presbyterium, qu'elles soient liturgiques (en particulier la concélébration de la Messe chrismale du Jeudi saint) ou pastorales et culturelles pour un échange de vues sur l'activité pastorale ou pour une étude de problèmes théologiques déterminés.Il y a aussi les rencontres de spiritualité sacerdotale, comme les exercices spirituels, les journées de récollection et de spiritualité, etc. Ce sont des occasions de croissance spirituelle et pastorale, de prière plus calme et prolongée, de retour aux racines de l'être sacerdotal, de fraîcheur nouvelle pour les motivations inspirant la fidélité et l'élan pastoral.
Les rencontres d'étude et de réflexion en commun sont également importantes. Elles préviennent l'appauvrissement culturel et l'endurcissement sur des positions de facilité dans le domaine pastoral, ce qui est le fruit de la paresse intellectuelle. Elles assurent une synthèse plus réfléchie entre les divers éléments de la vie spirituelle, culturelle et apostolique ; elles ouvrent l'esprit et le cœur aux nouveaux défis de l'histoire et aux nouveaux appels que l'Esprit lance à l'Église. Nombreux sont les types de collaboration et les moyens qui peuvent servir afin que la formation permanente devienne une plus belle expérience de vie pour les prêtres. Entre autres, rappelons les différentes formes de vie commune entre prêtres, toujours présentes dans l'histoire de l'Église, dans la diversité de leurs modalités et de leur intensité. « Aujourd'hui, on ne peut pas ne pas les recommander, surtout entre ceux qui vivent ou sont engagés pastoralement dans un même lieu. Cette vie commune du clergé, utile à la vie et à l'action pastorales, offre à tous, prêtres et laïcs, un exemple éclairant de charité et d'unité » .
Une autre forme d'aide peut être donnée par les associations sacerdotales, en particulier les instituts séculiers de prêtres qui ont un caractère spécifiquement diocésain en vertu duquel les prêtres s'unissent plus étroitement à l'évêque. Ils constituent « un état de consécration dans lequel les prêtres, par des vœux ou d'autres liens sacrés, s'engagent à mettre en pratique dans leur vie les conseils évangéliques » . Toutes les formes de « fraternité sacerdotale » approuvées par l'Église sont utiles pour la vie spirituelle et aussi pour la vie apostolique et pastorale. La pratique de la direction spirituelle contribue aussi pour beaucoup à la formation permanente des prêtres. C'est un moyen classique qui n'a nullement perdu sa valeur, non seulement pour assurer la formation spirituelle, mais aussi pour promouvoir et soutenir une fidélité et une générosité constantes dans l'exercice du ministère sacerdotal. Comme l'écrivait le futur pape Paul VI, « la direction spirituelle a une très belle fonction et on peut dire qu'elle est indispensable pour l'éducation morale et spirituelle de la jeunesse qui veut comprendre et suivre en toute loyauté sa vocation, quelle qu'elle soit. Et elle conserve une importance bénéfique à tout âge de la vie quand, aux lumières et à la charité d'un conseiller pieux et prudent, nous demandons la vérification de notre rectitude ainsi que le réconfort dans l'accomplissement généreux de nos devoirs. C'est un moyen pédagogique très délicat mais de très grande valeur. C'est un art pédagogique et psychologique de grande responsabilité pour qui l'exerce; c'est un exercice spirituel d'humilité et de confiance pour qui la reçoit ».
Conclusion « Je vous donnerai des pasteurs selon mon cœur » (Jr 3,15).
Aujourd'hui encore, cette promesse de Dieu est vivante et à l'œuvre dans l'Église, consciente d'être, depuis toujours, l'heureuse destinataire de ces paroles prophétiques. Elle en voit la réalisation tous les jours et en de nombreuses parties de la terre ; mieux encore, en de nombreux cœurs humains, surtout de jeunes. Au seuil du troisième millénaire, l'Église désire qu'en raison de ses besoins graves et urgents, ainsi que de ceux du monde, cette divine promesse s'accomplisse d'une façon renouvelée, plus ample, plus intense et plus efficace, en une extraordinaire effusion de l'Esprit de la Pentecôte.
La promesse du Seigneur suscite dans le cœur de l'Église une prière, une demande humble, ardente et confiante en l'amour du Père; comme il a envoyé Jésus le Bon Pasteur, les Apôtres, leurs successeurs et une foule innombrable de prêtres, de même il continue à manifester aux hommes d'aujourd'hui sa fidélité et sa bonté.
L'Église est disposée à répondre à cette grâce. Elle sait que le don de Dieu exige une réponse généreuse et unanime : tout le peuple de Dieu doit inlassablement prier et travailler pour les vocations sacerdotales. Les candidats au sacerdoce doivent se préparer consciencieusement à recevoir et à vivre le don de Dieu, persuadés que l'Église et le monde ont un très grand besoin d'eux. Ils doivent se passionner pour le Christ Bon Pasteur, modeler leur cœur sur le sien et, à son image, être prêts à parcourir les routes du monde pour proclamer à tous le Christ Chemin, Vérité et Vie.
J'adresse un appel particulier aux familles : que les parents, spécialement les mères, soient généreux pour donner au Seigneur leurs fils qu'il appelle au sacerdoce ; qu'ils collaborent avec joie au cheminement de leur vocation, sûrs que, de cette manière, ils rendront plus grande et plus profonde leur fécondité chrétienne et ecclésiale et qu'ils pourront connaître, en quelque sorte, le bonheur de la Vierge Marie : « Tu es bénie entre les femmes, et béni le fruit de ton sein » (Lc 1, 42).
Aux jeunes d'aujourd'hui, je veux dire ceci : soyez plus dociles à la voix de l'Esprit, laissez retentir dans vos cœurs les grandes attentes de l'Église et de l'humanité, ne craignez pas d'ouvrir votre esprit à l'appel du Christ Seigneur, découvrez le regard d'amour de Jésus fixé sur vous et répondez avec enthousiasme à sa proposition de le suivre jusqu'au bout.
L'Église répond à la grâce par l'engagement que prennent les prêtres de réaliser la formation permanente requise en vertu de la dignité et de la responsabilité que leur a conférées le sacrement de l'Ordre. Tous les prêtres sont appelés à saisir l'urgence particulière de leur formation à l'heure présente : la nouvelle évangélisation a besoin de nouveaux évangélisateurs, de prêtres qui s'engagent à vivre leur sacerdoce comme un chemin de sainteté.
La promesse de Dieu garantit à son Église non pas des pasteurs quelconques mais des pasteurs « selon son cœur ». Le « cœur » de Dieu s'est révélé pleinement à nous dans le cœur du Christ Bon Pasteur. Il a toujours compassion des foules et leur donne le pain de la vérité, le pain de l'amour et de la vie (Mc 6, 30-44). Il demande à battre en d'autres cœurs - ceux des prêtres - : « Donnez-leur vous-mêmes à manger » (Mc 6, 37). Les gens ont besoin de sortir de l'anonymat et de la peur ; ils ont besoin d'être connus et appelés par leur nom, de marcher avec assurance sur les sentiers de la vie, d'être retrouvés s'ils sont perdus, de recevoir le salut comme don suprême de l'amour de Dieu ; c'est ce que fait Jésus, le Bon Pasteur ; c'est ce que font les prêtres avec lui. Au terme de cette exhortation, je tourne mon regard vers la multitude de séminaristes et de prêtres qui, dans toutes les parties du monde, même dans les conditions les plus difficiles et parfois dramatiques, mais toujours dans le joyeux effort de la fidélité au Seigneur et de l'inlassable service de son troupeau, offrent quotidiennement leur vie pour la croissance de la foi, de l'espérance et de la charité dans les cœurs et dans la vie des hommes et des femmes de notre temps.Vous, très chers prêtres, vous le faites parce que c'est le Seigneur qui, avec la force de son Esprit, vous a appelés, dans les vases d'argile de votre humble vie, à rendre présent le trésor inestimable de son amour de bon Pasteur.En communion avec les Pères synodaux et au nom de tous les évêques du monde et de la communauté ecclésiale entière, je veux exprimer toute la reconnaissance que méritent votre fidélité et votre service .
Je vous souhaite à tous la grâce de renouveler chaque jour le don de Dieu reçu par l'imposition des mains (2 Tm 1, 6), de connaître le réconfort de la profonde amitié qui vous lie à Jésus et vous unit entre vous, de goûter la joie de la croissance du troupeau de Dieu vers un amour toujours plus grand envers Lui et envers tout homme, d'entretenir la conviction sereine que celui qui a commencé en vous cette œuvre bonne la portera à son achèvement jusqu'au jour du Christ Jésus (Ph 1, 6) ; en union avec tous et avec chacun de vous, j'adresse ma prière à Marie, mère et éducatrice de notre sacerdoce. Tous les aspects de la formation sacerdotale peuvent être rapportés à Marie, comme à la personne humaine qui, plus que toute autre, a répondu à l'appel de Dieu ; elle s'est faite servante et disciple de la Parole jusqu'à concevoir dans son cœur et en son sein le Verbe fait homme pour le donner à l'humanité ; elle a été appelée à être l'éducatrice du prêtre unique et éternel, qui s'était rendu docile et s'était soumis à son autorité maternelle. Par son exemple et par son intercession, la Vierge très sainte continue à veiller sur l'essor des vocations et de la vie sacerdotale dans l'Église.C'est pourquoi nous, prêtres, nous sommes appelés à faire croître en nous une tendre et solide dévotion envers la Vierge Marie, à la manifester en imitant ses vertus et en la priant fréquemment.
Marie ,
Mère de Jésus Christ et Mère des prêtres,
reçois ce titre que nous te donnons
pour célébrer ta maternité
et contempler près de toi le Sacerdoce
de ton Fils et de tes fils,
Sainte Mère de Dieu !
Mère du Christ,
tu as donné au Messie Prêtre son corps de chair
par l'onction de l'Esprit Saint
pour le salut des pauvres et des hommes au cœur contrit,
garde les prêtres dans ton cœur et dans l'Église,
Mère du Sauveur !
Mère de la foi,
tu as accompagné au Temple le Fils de l'homme,
accomplissement des promesses faites à nos pères,
confie au Père, pour sa gloire,
les prêtres de ton Fils,
Arche de l'Alliance !
Mère de l'Église,
au Cénacle, parmi les Disciples,
tu priais l'Esprit
pour le Peuple nouveau et ses Pasteurs,
obtiens à l'ordre des prêtres
la plénitude des dons,
Reine des Apôtres !
Mère de Jésus Christ,
tu étais avec Lui au début de sa vie et de sa mission,
tu l'as cherché, Maître parmi la foule,
tu l'as assisté, élevé de terre,
consommé pour le sacrifice unique éternel,
et tu avais près de toi Jean, ton fils,
accueille les appelés du Seigneur,
lors de leurs premiers pas sur leur chemin,
protège leur croissance, accompagne dans la vie et dans le ministère
ceux qui sont tes fils,
Mère des prêtres !
Amen !
Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 25
mars 1992, solennité de l'Annonciation du
Seigneur, en la quatorzième année de mon
Pontificat.