coeurtendre Admin
Nombre de messages : 13248 Age : 67 Localisation : Trois-Rivières Réputation : 1 Date d'inscription : 16/02/2007
| Sujet: Michel blogue son expérience personnelle comme témoin de Celui qui s'en vient. Sam 14 Déc - 2:41 | |
| Voici mon expérience personnelle comme témoin de Celui qui s'en vient Mon expérience spirituelle est de toute simplicité. J'ai commencé à découvrir l'Enfant de la crèche après mes 15 ans 1/2, mais pas avant. Avant mes 15 ans 1/2, je ne connaissais même pas la définition de Dieu, Avent, Noël, j'avais peu de vocabulaire, etc. La raison en est très simple : J'ai vécu le syndrome de l'enfant battu à partir de mes deux ans. J'ai eu une jambe, deux cuisses et un bras de cassé entre ma naissance et mes trois ans, sans oublier tous les autres coups que j'ai reçus de mes 3 ans jusqu'à mes 15 ans 1/2. Le résultat fut le nez de cassé, et une perte auditive à 100% de l'oreille gauche ; il me reste aujourd'hui un 30% d'instabilité à droite, à cause d'acouphènes sévères qui sont très instables, où les décibels sont aussi forts qu'un système d'alarme pour le feu quand il est en fonction d'alerte. Comme mes acouphènes sont aussi forts que le bruit d'un système d'alarme, il m'est impossible de l'entendre s'il y a un feu. Entre moi et vous, quand un petit enfant entre l'âge de 2 et 3 ans se fait déjà casser deux cuisses, une jambe et un bras, il y a une raison tout à fait raisonnable pour cet enfant de garder un silence qui devient pour plusieurs un silence mystère. Mais pour moi qui ai vécu cette expérience sur le terrain d'une violence excessive et maladive, je comprends qu'il soit possible pour ceux qui ne l'ont pas vécue, de s'interroger. Chose certaine, cette expérience de mes trois premières années de vie m'a tellement marqué, à cause d'une maltraitance excessive et maladive, que mon silence s'est poursuivi jusqu'à mes 15 ans 1/2 ; mais j'avoue comme je comprends très bien que ce n'était pas facile à comprendre pour ceux et celles qui n'étaient pas au courant de mon histoire personnelle. Surtout qu'entre les années 1957 et 1972, autant les femmes que leurs enfants n'avaient pas le droit de parler de la maltraitance qu'ils subissaient, même si cette violence nous conduisait à plusieurs hospitalisations. C'est l'homme qui bossait dans tout. Partout où j'ai passé, dans mes 7 foyers nourriciers comme dans mon milieu scolaire, on se demandait pourquoi tant de silence, mais je n'avais aucune réponse à donner, excepté celle de mon silence mystère que m'imposait cette maltraitance de la part de mon pauvre père dont on disait qu'il souffrait de cruauté mentale. Je ne me souviens d'aucun Noël passé dans mon milieu familial ; par exception, les quelques fois où l'on recevait à Noël quelques bonbons, une pomme et une banane. Nous étions une famille pauvre matériellement, mais pauvre aussi en communication à cause du silence imposé à plusieurs membres de notre famille par une maltraitance abusive et répétitive. Les quelques fois où j'ai vu un arbre de Noël, même s'il y avait plusieurs cadeaux autour de l'arbre et plusieurs personnages, mon regard d'enfant blessé était attiré vers l'enfant couché dans la crèche. Un bébé dans une crèche, pour moi comme c'était extra-beau! Mais malheureusement ça ne me disait rien car je ne comprenais pas le but et le sens de la Fête de Noël ; et encore moins le pourquoi de cet enfant qui était couché dans une crèche. Je regardais ses jambes, ses bras et ses oreilles, ensuite son visage. Parfois quand je vivais en foyer nourricier, j'imaginais l'enfant qui se lèverait pour venir vers moi afin que l'on puisse s'amuser ensemble. C'est sûrement pour cette raison que j'ai passé plusieurs années à secourir les enfants de la rue, mon désir profond était de leur donner ce que je n'avais pas reçu de ma naissance à mes 15 ans 1/2. Mon profil silencieux m'a fait vivre beaucoup d'intimidation dans plusieurs écoles, jusqu'à la Polyvalente où je n'ai fait que quelques mois pour la simple raison que je ne parlais pas du tout ; et puis je me retrouvais avec tous les intimidateurs de toutes les écoles fréquentées durant mes déménagements occasionnés par mes 7 foyers nourriciers. Le jour où j'ai commencé à parler tout seul, c'est la journée même où je suis parti de chez mes parents ; il était 16 heures 30 pm, j'étais en Gaspésie et je faisais de l'auto-stop. Mais avant de partir définitivement de chez moi ce même jour, je suis sorti dehors en gardant une très longue distance entre mon pauvre père et moi, et je lui ai dit ceci : Pa, je te pardonne tout ce que tu m'as fait subir durant mon enfance jusqu'à aujourd’hui, je tourne la page du passé, mais aujourd'hui je fais le libre choix de partir car je veux sauver ma peau, mes os et ma vie psychologique. Plus tard, je reviendrai te revoir pour te dire que je t'aime, si tu le veux. Mon père était en colère de m'entendre, il sacrait après moi, mais cette fois-ci il y avait des voisins dehors qui observaient mon père. Ensuite je suis parti en faisant de l'auto-stop. Avant de partir, je lui ai dit que s'il envoyait la police pour me ramener à la maison, je leur montrerais les marques sur tout mon corps. Quelques heures après mon départ, il commençait à faire noir, et le fait de n'avoir rien emporté avec moi, ni vêtements, ni argent, en plus de ne pas savoir où aller pour dormir, alors j'ai paniqué. Je me suis mis à pleurer et les paroles suivantes sont sorties de ma bouche, sans trop que j'en comprenne le sens ni la raison de ma demande. "Mon Dieu, Mon Dieu, si tu existes vraiment, je ne veux ni or ni argent mais fais-moi sentir la joie de ta présence." À peine 15 minutes après que cette phrase fut sortie de ma bouche, j'ai senti une paix et une joie indescriptibles, je me sentais prêt à fermer la porte sur le passé de cette maltraitance pour ouvrir la porte au présent de la vie qui m'attendait. Dans les quelques années qui ont suivi, j'ai fini par comprendre tout au long de mon cheminement spirituel, qu'au moment où je regardais l'enfant de la crèche, j'aurais aimé que ce soit moi qui soit dans la crèche, en espérant avoir un père à l'opposé de celui que j'avais eu. Je regardais ses bras, ses jambes et ses oreilles, et comme j'aurais aimé que sa vie devienne ma vie! Depuis plusieurs années, ce n'est plus moi que je vois dans l' enfant ; ce sont tous les petits enfants souffrants de tous les pays du monde que l'Enfant de la crèche me rappelle, sans oublier les Saints-Innocents. Avant notre mariage, moi et mon épouse France avons eu le privilège de travailler dans une maison de personnes âgées. Je ne me souvenais pas d'avoir fait un échange de cadeau avec elle à Noël. Je lui avais acheté un Enfant-Jésus, et c'est elle qui me l'a rappelé. Ensuite, après trois ans, je suis parti pour un autre ailleurs afin de faire de l'animation pendant 5 ans dans un Sanctuaire ; puis j'ai vécu 10 ans chez les frères des Écoles Chrétiennes. J'ai vécu les 5 premières années avec eux ; ensuite comme la maison a passé au feu juste après les réparations, je suis allé vivre en logement avec un prêtre ouvrier pendant 1 an, puis j'ai reçu une nouvelle demande pour aller vivre chez les frères des Ecoles Chrétiennes, par un frère qui me connaissait très bien et qui avait été nommé supérieur d'une communauté de 30 religieux dans la même maison. Comme j'avais déjà vécu 5 ans avec lui dans cette même maison, où nous avions été 4 frères et 3 laïcs, j'étais loin de croire que je serais invité une deuxième fois, d'autant plus que la plupart des religieux savaient que je ne me sentais pas appelé à devenir religieux. Une chose qui a sûrement influencé mon ami religieux devenu supérieur à m'accueillir de nouveau dans une maison de 30 religieux, c'est qu'il avait eu la chance de m'entendre donner des conférences dans différents mouvements. Ensuite il savait que j'étais un grand passionné pour la prière, l'Évangile et la nouvelle évangélisation. Après ces 5 années vécues avec les frères, un prêtre séculier a fait appel à moi pour aller donner des conférences dans sa paroisse pendant plusieurs années. Quelques années après, le même prêtre était tellement impressionné par ma facilité de communiquer La Parole de Dieu dans le grand public, qu'il m'a fait la demande d'aller travailler avec lui dans sa paroisse, en vivant avec lui et son vicaire qui m'a fait vivre une expérience surprise qui se rapprochait de celle de feu mon pauvre père.Le curé était en attente d'un coeur, mais très malheureusement il eut le temps de mourir, il avait seulement dans la soixantaine. Ensuite je me suis lancé comme défi de faire de l'accompagnement auprès des personnes âgées, pour dénoncer l'exploitation financière, ou la maltraitance physique et psychologique que subissaient plusieurs d'entre elles. 5 ans plus tard, je suis devenu hyper-allergique à l'environnement de la Ville de Québec ; j'ai décidé de venir habiter la Ville de Trois-Rivières, là ou France demeurait. Une surprise m'attendait. Mais avant, je dois vous dire qu'un jour, après avoir donné une conférence dans une paroisse, une femme me dit : Je ne comprends pas qu'un homme comme vous qui parlez si bien de Dieu, vous ne soyez pas encore marié. Pensez-vous vous marier un jour? Je lui répondis que si un jour je venais à me marier, ce n'est pas moi qui ferais les premiers pas. Si le Bon Dieu veut que je me marie, il va falloir inverser les rôles : Il va falloir que ce soit la femme qui me fasse une demande de mariage, et non moi. Ce sera un signe que c'est voulu par Dieu. Il m'arrivait, quand je passais à Trois-Rivières, d'aller rendre visite à France et à ses parents. Cette fois-ci France est venu me chercher, et au long de notre dialogue elle me demanda ceci : Michel, tu n'as jamais pensé un jour à te marier? Je lui répondis non, tout simplement. Alors elle me dit : Aimerais-tu que moi et toi on se marie? Je lui ai expliqué que oui, mais que je n'avais pas une santé parfaite, en plus de ma surdité. Elle me dit que pour elle ce n'était pas un problème, qu'elle m'aimerait tel que je suis - car elle semblait fascinée par mon cheminement spirituel -, et qu'elle aurait du plaisir et de la joie à partager sa vie avec une personne qui a vraiment une foi qui passe de la parole aux actes. Avant notre mariage, j'avais participé avec France à la cérémonie des obsèques d'une religieuse ; moi, France et ses parents, nous étions présents à cette cérémonie. Les religieuses ont récité leur bréviaire avant la messe. Puis une religieuse qui ne me connaissait pas du tout, nous apporta un seul bréviaire en nous disant : Vous êtes mariés, vous deux. Nous avons répondu non, alors elle apporta un deuxième bréviaire pour moi. Sa question m'a distrait tout au long de l'office, au point qu'à chaque fois que je regardais France, j'avais une de ces misères à retenir mon fou-rire car la question de la religieuse venait confirmer la demande de France et devenait un signe visible pour moi. À ma très grande surprise, durant notre premier Noël, quand j'ai vu l'Enfant Jésus dans la crèche, j'ai dit à France mon épouse : Mon Dieu, comme Il est Beau l'Enfant Jésus dans la crèche...! Elle me répondit : C'est toi qui me l'as acheté il y a presque 20 ans passés, dans un échange de cadeau quand on travaillait avec les personnes âgées. Je n'en revenais pas du tout, mais chose certaine, l'enfant de la Crèche m'a toujours fasciné et ça ne changera jamais. Cet Enfant de la Crèche, jamais Il ne se retrouve enfermé dans une boîte pour un an, jusqu'au prochain Noël. Il est sur mon bureau 365 jours par an, jour et nuit. Selon moi, il y a un lien très proche entre ma fascination pour 1/l'Enfant Jésus de la Crèche que j'ai offert en cadeau à France avant sa demande en mariage, 2/le lien de la question de la religieuse pour savoir si on était mariés avant de nous donner notre bréviaire, 3/et le fait qu'après notre mariage je me suis retrouvé devant cet enfant de la Crèche dont j'avais fait cadeau à France, devenue mon épouse ; je ne me souvenais plus de lui en avoir fait cadeau. Alors cela explique cette passion que j'ai toujours eue pour tous les enfants de tous les pays du monde. Cet Enfant de la Crèche a toujours séduit mon coeur d'enfant blessé, pour ouvrir mon coeur à tous les enfants du monde. C'est une des raisons pour laquelle j'ai créé un Abécédaire sur tous les enfants de tous les pays du monde, sur plusieurs sujets sensibles, afin que nous puissions prier pour eux. J'ai toujours l'impression de rajeunir en vieillissant, où je conserve cette jeunesse et cette beauté intérieures que nous cultivons à chaque jour, moi et mon épouse, dans cette expérience d'une vie de prière régulière où nous sommes toujours trois avec Dieu qui est la nourriture spirituelle indispensable de nos âmes. Le don d'enrichir notre vie de couple est devenu notre cadeau principal de chaque jour, source de joie et de fécondité dans chacune de nos vie de disciple de Jésus ou notre vie d'oraison fait de nous des témoins de la nouvelle évangélisation.
Dernière édition par coeurtendre le Lun 12 Déc - 18:57, édité 2 fois | |
|